ETUDE GENETIQUE DES PERDRIX ROUGES DE HAUTE-CORSE : PREMIERS RESULTATS (au 17/10/17)
Premiers résultats des analyses faites sur les échantillons prélevés en 2016
Les résultats bruts des analyses d’ADN (fichiers Excel) des échantillons de perdrix prélevés en 2016 nous ont été transmis par Antagène et l’IMPCF.
A travers les lignes qui suivent, nous avons tenté d’en tirer une première synthèse, très provisoire d'autres échantillons étant indispensables.
Ces résultats provisoires indiquent globalement que l’hybridation pourrait être assez limitée avec la Perdrix choukar (Alectoris chukar), mais quand même bien réelle, sur ces 4 zones (sauf pour l’instant sur Agriate-Bas Ostriconi où elle pourrait être nulle).
Aucune interprétation définitive cependant n’est possible sans l’analyse de perdrix supplémentaires, sauf pour le Niolu dont l’échantillon peut être interprété (n>20).
La population du Niolu remplirait donc au moins les critères ARC (Alectoris Rufa Certifié) que les éleveurs recherchent dans leurs élevages.
Cette certification en 2017 est obtenue dans les élevages présentant un taux moyen d’hybridation (individuel) de moins de 3% et avec aucune perdrix présentant un taux supérieur à 10%. Ces taux sont calculés suivant le test sur ADN d’Antagène et portant sur 20 marqueurs. Il indique pour une perdrix rouge son pourcentage de gènes «Choukar».
Des échantillons supplémentaires sont cependant toujours nécessaires dans le Niolu aussi afin de pouvoir comparer précisément la partie «Tavignanu» et le reste. L’arrêt de lâchers de perdrix d’élevage dans cette micro-région, s’il se maintient dans le temps, ne pourra que provoquer la baisse de ce taux d’hybridation à long terme.
Des données sur la diversité génétique de chaque population ont commencé à être acquises. Leur interprétation viendra plus tard.
Le sexe des oiseaux a également été déterminé et il est intéressant de savoir que le sexe ratio déséquilibré en faveur des mâles, normal dans des populations sauvages, a été confirmé avec 30 mâles pour 24 femelles en âge de voler (donc nichée d’Oletta non incluse) soit 125 coqs pour 100 poules tous territoires confondus.
EN CONCLUSION l’échantillonnage doit se poursuivre partout où cela est possible. Il est très important de bien écrire sur le papier accompagnant l’aile récoltée non seulement la commune mais aussi et surtout le lieu-dit afin de pouvoir faire des analyses plus fines au niveau des territoires.
Merci infiniment à tous les chasseurs participants sans qui ces acquis scientifiques ne pourraient exister !
LE CONTEXTE DE L'ETUDE
La perdrix rouge était une espèce emblématique de la chasse traditionnelle en Corse, mais également dans le sud de la France et dans toute la péninsule ibérique. Un collectif Perdrix rouge (1) a géré, depuis plus de 10 ans et au niveau international, la question de l'hybridation avec la perdrix asiatique, la Perdrix choukar (Alectoris chukar), dans les élevages et l'impact possible sur les populations naturelles. Un test ADN unique au niveau européen est disponible depuis plusieurs années, grâce justement à la collaboration des chasseurs, en particulier ceux de Haute-Corse, qui ont permis de savoir en 2003 qu'une bonne partie des populations de ce département étaient indemnes de cette pollution génétique due aux oiseaux d'élevage (dont la quasi intégralité des souches sont hélas hybrides). Ce test ADN repose sur l'analyse de 20 marqueurs génétiques et permet de déterminer le niveau individuel d'hybridation de chaque perdrix. Ce test ADN est utilisé aujourd'hui un peu partout en routine par les éleveurs de perdrix rouges et par différentes sociétés ou fédérations de chasse.
L'ensemble des acteurs de la filière s'est focalisé jusqu'ici sur l'hybridation de la perdrix rouge sans se soucier du niveau de diversité génétique des populations et d'une éventuelle dégradation de cette diversité, en raison des lâchers massifs et/ou de la raréfaction des populations naturelles originelles.
Pourtant à l'heure actuelle où l'espèce connaît justement en Corse comme ailleurs une forte régression, la question du rôle possible d'une diversité génétique en berne sur la mauvaise reproduction reste posée.
La situation de l'espèce étant peu connue à ce sujet, le Collectif Perdrix rouge souhaite lancer un projet national d'évaluation de la diversité génétique des populations de perdrix rouges en France, complété par un état des lieux du niveau d'hybridation des populations naturelles. Ce projet, proposé par l'Institut Méditerranéen du Patrimoine Cynégétique et Faunistique (IMPCF) associe de nombreux acteurs dont les Fédérations Départementales de Chasseurs (FDC) qui connaissent bien le terrain, l'historique et la situation des populations de leur département.
Le rôle des FDC, dont celle de Haute-Corse adhérente à l'IMPCF depuis toujours, sera une nouvelle fois de collecter en cette saison de chasse en 2017 comme en 2016 des échantillons de perdrix rouges dans le département.
Pour coller au grand protocole élaboré au niveau national, la Fédération de Bastia a du ainsi choisir 4 zones bien précises du département où des lâchers de perdrix n'étaient pas connus ces 3 dernières années. La Fédération aurait bien-sûr aimé pouvoir sonder toutes les populations de Haute-Corse, mais cela aurait été difficilement réalisable en plus de coûter particulièrement cher.
Les 4 zones qui sont étudiées à cette ouverture 2017 sont les mêmes qu'en 2016, à savoir:
- Zone 1: Agriate, définie ici par la partie basse (sous la RD81) des communes de Saint-Florent, Santu Petru et San Gavinu di Tenda et de Palasca située entre Saint-Florent et l'embouchure de l'Ostriconi.
- Zone 2: Ostriconi suttanu, définie par les 4 communes de Lama, Urtaca, Novella et Palasca (hors Agriate).
- Zone 3: Niolu-Restonica, définie par les 5 communes du communes du Niolu ainsi que les parties des hautes-vallées du Tavignanu et de la Restonica présentes sur la commune de Corte.
- Zone 4: Nordu Curtinese, définie uniquement par les communes de Santa Lucia di Mercurio, Tralonca, Soveria, Castirla et Omessa.
Chaque chasseur est invité à conserver au congélateur pour chaque perdrix prélevée dans ces zones l'aile gauche entière (la langue n'est plus demandée). Chaque échantillon est à garder au congélateur individuellement dans un sac ou une enveloppe avec inscrits obligatoirement la date et le lieu du prélèvement (commune et lieu-dit) de la perdrix concernée. Surtout ne pas regrouper différentes ailes dans un sac avec des perdrix qui auraient été tuées à des endroits ou des dates différentes (vu en 2016). Une aile de perdrix sur laquelle on ne sera pas sûr à 100% de la date et surtout du lieu ne pourra pas être utilisée !
Attention! Sont exclues de cette étude les perdrix de lâcher donc s'abstenir naturellement de prendre des échantillons sur des oiseaux bagués ou sur des secteurs où on sait que des lâchers ont eu lieu!
A la fin de sa saison de chasse, le chasseur, qui doit informer la Fédération de sa participation en donnant ses coordonnées (nom prénom, téléphone) via la page contact de notre site internet, sera contacté afin de recueillir les échantillons récoltés. Les résultats du travail seront publiés par la suite sur ce site internet et ailleurs.
La Fédération souhaite disposer d'échantillons de perdrix dont le prélèvement était déjà prévu par les chasseurs et non pas de perdrix prélevées intentionnellement pour cette étude. Ce travail ne doit en effet en aucun cas faire accroître la pression de chasse sur des populations souvent en difficulté.
Chaque chasseur ayant mis de côté des échantillons de perdrix pour cette étude est invité à le signaler avec ses coordonnées à la Fédération via la page contact du site . MERCI !
1: Collectif perdrix rouge: ONCFS (Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage), FNC (Fédération Nationale des Chasseurs), IMPCF (Institut Méditerranéen du Patrimoine Cynégétique et Faunistique), SNA (Syndicat National des Accouveurs), SNPGC (Syndicat National des Producteurs de Gibier de Chasse), SYSAAF (Syndicat National des Sélectionneurs Avicoles et Aquacoles), ANTAGENE (laboratoire de génomique animale).